… c’est bien. Mais cela ne suffit pas.
Être attentif aux participants, mettre de la chaleur et de l’enthousiasme dans sa voix, susciter la participation… c’est bien. Mais cela ne suffit pas. Une classe virtuelle doit être conçue avec précision, pour susciter l’engagement et faciliter une animation fluide.
Une classe virtuelle n’est pas un webinaire
Un webinaire est destiné à communiquer des informations, éventuellement à échanger et discuter. L’intention dominante est de partager des informations.
Une classe virtuelle appartient à l’univers de la formation, du développement des compétences. L’intention dominante est de faciliter les apprentissages des participants.
Cette intention doit porter votre conception, guider votre réflexion en terme de durée, de rythme, de techniques pédagogiques.
Exploitez à fonds les possibilités offertes par l’application de classe virtuelle que vous utilisez
Brice Bragato, de Live Session, montre bien quelles sont les fonctionnalités à partir desquelles il faut apprécier une solution de classe virtuelle dans ce billet.
Par expérience, la conception est beaucoup plus précise et l’animation plus interactive et fluide quand, au-delà des fonctionnalités de base de « réunion à distance », la solution de classe virtuelle permet :
- de charger des fichiers de différents formats dans la salle, d’afficher simultanément un document et un module de chat ou une application,
- permettre de donner la main aux participants pour annoter un document, écrire sur un « tableau blanc », échanger non seulement à l’oral mais aussi à l’écrit via des modules de conversation, de notes ou de questions réponses,
- de générer des sondages,
- de scinder le groupe d’apprenants en sous-groupes, qui pourront travailler ensemble puis revenir en grand groupe pour la synthèse et les échanges,
- la solution Adobe Connect permet en outre de préparer ses séquences et ses ressources dans une salle disposant d’une adresse dédiée, où toute la conception sera capitalisée. Ceci est très confortable lorsque l’on conçoit une classe virtuelle qui a vocation a être animée plusieurs fois.
Pour un comparatif des solutions https://elearningindustry.fr/top-10-systemes-visioconference.
À la liste établie par elearningindustry, il faudrait ajouter ZOOM, solution très prisée par le monde éducatif, mais aussi par certaines grandes entreprises. Cependant, Zoom a eu quelques petits soucis liés à la confidentialité des données. Aujourd’hui une solution vous est aussi proposée par AJForm Conseil OI, la plateforme LMS SUIVal avec sa vidéoconférence STUDIO LEARN.
Si vous pouvez choisir l’outil que vous utilisez, faites donc un comparatif soigneux en tenant compte des spécificités de votre projet (nombre d’apprenants en ligne simultanément, durée prévue, récurrence de l’évènement, accès gratuit ou payant, etc.). Si cet outil vous est imposé, explorez-en toutes les fonctionnalités, consultez les tutoriels, avant de commencer votre conception.
Donnez du temps pour que chacun se sente bien
Nous avons déjà évoqué la nécessité, plus forte encore en classe virtuelle qu’en présentiel, de sécuriser et d’accueillir chacun.
Avant l’heure de démarrage prévue, prévoyez un « sas d’accueil », avec la possibilité de poser des questions, se présenter par écrit, répondre à un sondage…
Au début de la classe virtuelle, préservez une plage de temps de 15 mn environ pour la prise de connaissance de l’environnement technique, l’assistance à la résolution de problèmes de connexion. Intégrez une image pour poser les règles de vie. Présentez les interactions que les apprenants ont à leur disposition, faites les leur expérimenter : micro, vidéo, chat, tableau blanc…
Votre conception doit intégrer le fait que tous les apprenants ne sont pas familiers du système que vous utilisez, ni du fait de communiquer à plusieurs et d’apprendre avec d’autres, mais à distance. Il est donc très important de prévoir du temps, pour accueillir, permettre aux uns et aux autres de faire connaissance, indiquer aux participants comment activer les fonctionnalités de leur côté : micro, vidéo, chat… Intégrez pour cela des copies d’écran, des supports spécialement conçus pour présenter les commandes, fixer les règles… Et réservez du temps : tout le monde doit se sentir bien avant que l’animateur n’entre dans le vif du sujet.
À la fin, prévoyez également une phase de « déclusion » de 10 mn minimum, pour recueillir les évaluations, présenter le travail à réaliser pour la prochaine fois, les ressources à consulter…
Rythmez votre classe virtuelle !
Fixez vous une règle. Jamais plus de 10 mn d’apport magistral à la suite. Et si possible, essayez de limiter à 8 mn à chaque fois. C’est vrai en présentiel. Cela l’est encore plus en classe virtuelle, où les apprenants perdent beaucoup de votre communication non verbale. Votre conception doit donc prévoir des changements d’activité fréquents.
Adaptez votre conception à l’objet de la classe virtuelle – et au nombre de participants
Il y a des classes virtuelles centrées sur l’appropriation de connaissances, ou de savoir faire. D’autres sur le partage de pratiques. D’autres enfin sur le tutorat, l’accompagnement individuel ou de petits groupes… Bien sûr, votre conception sera différente suivant l’objectif visé. Dans le premier cas, une part plus importante sera dédiée à la présentation d’informations, aux exercices. Le partage de pratiques, le tutorat, amène plus souvent à donner la main aux apprenants pour qu’ils montrent leur production, ou à simplement mettre les vignettes vidéos en grand format pour recréer le plus possible de sentiment de proximité.
Au-delà de 8 participants, prévoyez que l’animateur devra gérer simultanément des interactions écrites et des interactions orales. Ayez donc systématiquement un module de « tchat » à l’écran.
Soyez créatifs !
Le bon équilibre à trouver se situe entre la créativité et la simplicité : il ne faudrait pas que votre classe virtuelle se transforme en un « gymkhana » entre trop d’applications différentes pour vos apprenants.
On l’a vu, les solutions les mieux appropriées « embarquent » la génération de sondages, des modules de conversation, de questions réponses … Ces niveaux d’interactivité peuvent suffire. Par exemple, vous pouvez intégrer une image, un photo-langage, une vidéo, et faire réagir les participants dessus à l’oral et à l’écrit. Générer une discussion, un partage de connaissances, sur deux ou trois modules de conversation affichés simultanément… Organiser des jeux où l’un propose une idée, l’autre donne la suite, puis un autre…
Pensez aussi à la fonction « Partage d’écran » pour permettre aux apprenants d’accéder à d’autres niveaux d’interactivité : par exemple répondre à un QCM, donner son opinion, trouver sur l’image, faire un nuage de mots tous ensemble, prioriser, deviner un nombre, ordonnancer, apparier… avec Wooclap, construire un tableau collaboratif avec Padlet, ou encore une carte mentale ou tout autre document collaboratif…
Là encore, donnez-vous une règle, par exemple pas plus d’un outil « hors outils intégrés à la solution utilisée » par classe virtuelle.
N’oubliez pas que l’apprentissage est un processus qui se situe dans le temps
En amont, mettez les contenus à disposition de vos participants, faites les s’interroger sur leurs objectifs, leurs connaissances préalables, leurs questions.
Prévoyez plusieurs classes virtuelles pour un même objectif pédagogique global, entre chaque temps fort des travaux à faire, individuellement ou à plusieurs. Donnez la main aux apprenants pour qu’ils présentent leurs productions, des grilles d’écoute des restitutions aux autres pour que leur observation soit formative…
Formalisez votre conception par écrit
Animer une classe virtuelle, c’est passionnant… et fatiguant. Il y a les problèmes techniques, l’attention soutenue que l’on doit porter aux interactions écrites, orales, et aussi à ceux qui n’interagissent pas et qu’il faut aller chercher… Donc en tant que concepteur, et surtout si d’autres que vous vont animer, et que l’évènement sera récurrent, il est impératif de mettre par écrit votre conception de manière très précise. Ceci afin de donner un fil conducteur qui permettra à l’animateur de vérifier qu’il est dans les temps, et d’anticiper sur l’activité à suivre.
La maille de la conception est fine, comme ici dans le guide animateur des 20 premières minutes d’intégration :
Concevoir une classe virtuelle, c’est plus que jamais se centrer sur l’apprenant.